- Le Comité éditorial qui a conduit l’étude sur l’impact du Service Civique sur la participation démocratique recommande de « généraliser le Service Civique », c’est-à-dire de faire en sorte que tous les jeunes, dès 16 ans, soient obligatoirement informés de son existence, et que tous puissent y avoir accès entre 16 et 25, voire 30 ans. Qu’en pensez-vous ?
Le Service Civique est passé d’un dispositif confidentiel réservé à 6000 jeunes dans sa version initiale de 2010 à un dispositif de l’envergure d’une classe d’âge grâce à la loi du 27 janvier 2017. Cette extension a permis de développer le renforcement de la cohésion nationale et la promotion de l’engagement citoyen au service des valeurs de la République.
Il semble que le dispositif s’essouffle notamment du fait d’un manque d’information des jeunes. Si en 2015 un sondage IFOP indiquait que 96% des 16-25 ans connaissaient le Service Civique, force est de constater qu’aujourd’hui, ce dispositif souffre d’un manque de notoriété.
C’est pourquoi, dans le cadre de la proposition de loi que j’ai rédigé et qui a été adoptée par le Sénat le 10 avril, j’ai souhaité un renforcement de l’obligation d’information sur l’existence et l’intérêt du Service Civique au sein des établissements d’enseignement secondaire et d’enseignement supérieur.
Lire l’actu sur la proposition de loi visant à renforcer le Service Civique
- De même, l’étude met en évidence que l’impact du Service Civique sur le sentiment d’appartenance à la République est démultiplié pour les jeunes de quartiers populaires et les jeunes peu qualifiés. Le Comité éditorial recommande donc de mettre des moyens spécifiques pour promouvoir le Service Civique auprès de ces jeunes et leur rendre beaucoup plus accessible. Qu’en pensez-vous ?
L’accès à tout dispositif est conditionné à sa connaissance. Pour certains, l’accès à l’information est facilité quand pour d’autre, il est plus difficile. Notre rôle en tant que politique et en tant qu’acteur dans la vie de notre société est de permettre à toutes et à tous d’avoir les mêmes chances. Pour cela, il faut diffuser au plus grand nombre les possibilités qui leur sont offertes. C’est de la popularité que nait la cohésion, via le brassage social. Cette mixité sociale, présente dès l’origine du Service Civique ne saurait exister si ne sont informés que les ménages privilégiés, disposant de ressources informationnelles élevées. Pour le Service Civique cela a d’autant plus d’impact qu’il permet effectivement de développer un sentiment d’appartenance à la République.
Permettre à toutes et à tous une telle expérience est une sorte de promesse nationale que nous leur faisons, de construction d’une société solidaire à travers leur engagement où la diversité est source de richesse. L’expérience de mixité sociale, le sens de l’intérêt général, l’acquisition de compétences utiles à l’insertion professionnelle et sociétale, forger le sens du devoir et de la solidarité et l’envie de s’impliquer au service de la société. Pour atteindre tous ces objectifs, encore faut-il que le dispositif qui le permette soit connu et reconnu.
En ce sens, la promotion auprès des publics plus éloignés de l’information parait être essentielle.
- Dans le cadre des réflexions sur l’avenir du service national universel, êtes-vous favorable à l’universalisation du Service Civique en France ?
Pour moi, le service national universel doit être totalement décorrélé du Service Civique. Ce sont deux dispositifs qui n’ont pas la même racine, pas les mêmes objectifs et surtout qui sont guidés par deux états d’esprit très différents.
En effet, si je suis pour l’universalisation du Service Civique, l’universalité ne peut venir que d’un renforcement de l’attractivité et de la valorisation du Service Civique. C’est ce que j’ai cherché à mettre en place dans la proposition de loi pour le renforcement du Service Civique que j’ai déposée et qui sera examinée prochainement au Sénat. Les débats en séance permettront de faire un point également avec le Gouvernement sur sa vision du Service Civique qui est largement sous-doté depuis quelques années.
Contrairement à l’exécutif, je pense que l’engagement ne peut résulter d’une obligation ou d’une quelconque contrainte. L’engagement par essence découle d’un choix, d’un investissement personnel, indépendamment de son objet. Un tel engagement rendu obligatoire perdrait tout son sens ainsi que toutes les vertus civiques qui y sont attachées. Le Service Civique doit se rendre suffisamment incitatif pour atteindre l’universalité mais cela serait un aveu de faiblesse qu’il ne soit plus issu d’une démarche volontaire avec toute la dimension déresponsabilisante que cela impliquerait.