3 questions à : Cédric O, Secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques 

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« Je veux saluer tous ces jeunes (en Service Civique) qui font preuve d’engagement et cela de manière exemplaire (…) Je les invite à candidater pour faire partie des (4000 nouveaux) “Conseillers numériques“.
 
3 questions à :
Cédric O, Secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques : « Nous mobilisons une enveloppe inédite de 250 millions € pour l’inclusion numérique de tous »

 
Quels sont les grands axes de votre stratégie pour l'inclusion numérique de tous ?
Nous portons un coup d’accélérateur sans précédent à cette stratégie de l’inclusion numérique de tous les Français grâce au plan France Relance. Nous mobilisons en effet une enveloppe inédite de 250 millions d’euros. Pour mémoire, le budget de l’inclusion numérique en 2017 était de 350 000 €.
Notre objectif pour mieux former les Français : il faut plus de professionnels, des lieux équipés partout sur les territoires, et enfin plus d’outils pour les aidants. Pour cela, nous déployons 3 mesures phares.
D’abord, pour former les Français qui le peuvent et qui le veulent aux usages du numérique, nous finançons le recrutement et la formation de 4 000 « Conseillers numériques France Services ». Ils organiseront des ateliers d’initiation et de perfectionnement sur le terrain autour des besoins quotidiens : échanger avec ses proches, protéger ses données, faire son CV, acheter ou vendre un objet sur Internet, vérifier les informations qu’on reçoit, etc. Accompagner quelqu’un vers l’autonomie numérique, ça ne s’improvise pas. C’est un vrai métier. Nous doublons donc les effectifs et professionnalisons ce secteur pour offrir un accompagnement de qualité au plus près des Français, dans tous les territoires.
En complément de cette initiative d’envergure, nous lançons un programme d’équipement des structures de proximité qui réalisent déjà ou souhaitent réaliser des activités d’accompagnement au numérique, telles que les bibliothèques, les centres sociaux, les mairies, les tiers-lieux, les associations. Nous travaillons à la conception et au déploiement de kits d’inclusion numérique accessibles et attractifs, en partenariat avec des designers.
Enfin, pour porter assistance aux Français qui ne souhaitent pas ou ne peuvent pas être autonomes dans l’utilisation d’Internet, nous agissons en outillant et formant les aidants. Ces aidants au profil large (travailleurs sociaux, agents du service public de proximité, agents France Services, etc.) pourront grâce à la généralisation de l’outil Aidants Connect réaliser des démarches administratives à la place de l’usager en toute sécurité. Nous mettons ainsi fin au système D (carnets avec des mots de passe) qui prévalait encore trop souvent. Au-delà, nous proposerons des ateliers de formation au numérique de ces professionnels, souvent en première ligne face aux urgences numériques.
Le plan de relance s’appuiera également sur le bon déploiement du pass numérique, coupon (sorte de ticket restaurant du numérique) donnant un droit à la formation au numérique, dans un lieu référencé et de qualité à proximité de chez soi.
En parallèle, dans le cadre particulier de la crise sanitaire qui a exacerbé les fractures, nous avons mis en place un numéro de téléphone « Solidarité Numérique » - 01 70 772 372, pour apporter au quotidien des réponses aux problématiques numériques des citoyens.
 
Les besoins de sensibilisation et d'accompagnement aux usages numériques sont criants, notamment pour les publics précaires. Des expériences portées par des collectivités et par l'association Unis-Cité montrent que des jeunes en Service civique, après formation, peuvent être des intermédiaires précieux. Comment voyez-vous leur complémentarité avec les professionnels du secteur ? Quelle place votre ministère prendra-t-il dans le déploiement des 100 000 nouvelles missions de Services Civique ?
Les besoins sont en effet criants : la crise sanitaire et les confinements ont décuplé les fractures numériques déjà existantes : les personnes qui étaient déjà intégrées au numérique ont développé encore plus de compétences quand les personnes qui se trouvaient à la marge de ces outils, encore plus essentiels, en sont aujourd’hui totalement exclues. C’est pour cela que le gouvernement a voulu co-construire une politique pour l’inclusion numérique avec l’ensemble des acteurs publics et privés concernés, notamment des collectivités territoriales. Afin de cibler au mieux tous les Français en difficulté avec le numérique, nous avons en effet besoin de toutes les bonnes volontés ainsi que de mieux coordonner les réponses locales qui sont apportées.
Dans cette optique, si les conseillers numériques seront formés pour devenir des professionnels, à temps plein, de la formation aux outils et aux enjeux du numérique, ils seront complémentaires à l’action d’autres professionnels par exemple les travailleurs sociaux et aidants. C’est d’ailleurs pour cela que nous leur consacrons des mesures dans le cadre de France Relance. Si les conseillers ciblent les Français qui veulent et peuvent devenir autonomes dans le numérique pour leur proposer des ateliers d’apprentissage et les emmener vers l’autonomie numérique, il est essentiel que d’autres répondent à des urgences, comme faire avec un usager sa démarche administrative. Les aidants comme les services civiques ont ici un rôle important.
Cette complémentarité constitue les deux jambes sur lesquelles marche le plan de relance pour l’inclusion numérique. L’Etat débloque des financements sans précédent ; aux collectivités et acteurs locaux de s’emparer des outils. En 2019, plus de 140 000 jeunes se sont engagés dans des missions de Service Civique, dont plus du quart dans des missions de solidarité auprès des publics fragiles, précaires et isolés. Cet engagement force le respect, et nous permettra de mener tous ensemble ce combat pour rendre encore plus accessible le numérique dans le quotidien des Français. Je veux saluer tous ces jeunes qui font preuve d’engagement et cela de manière exemplaire, alors même que nombre d’entre eux subissent de plein fouet les conséquences de la crise sanitaire.
 
Une étude d'impact de l'ESSEC montre que les jeunes, en s'engageant dans un Service Civique autour de l'inclusion numérique, développent leurs propres compétences numériques... Un certain nombre obtient même la certification PIX. Pourraient-ils devenir un vivier pour le recrutement des conseillers numériques ? 
Evidemment. Nous avons d’ailleurs travaillé avec l’Agence du Service civique pour que ces jeunes qui ont exercé des missions d’inclusion numérique puissent être informés de la campagne de recrutement que nous avons lancée. J’en profite pour le redire : j’invite ces jeunes à candidater sur cette plateforme : conseiller-numerique.gouv.fr. Nous avons besoin de forces vives et motivées par ce métier d’avenir passionnant, à la frontière entre la tech, le numérique de l’accompagnement, ce qu’on appelle aujourd’hui le « care ».

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