Anne-Gaëlle Baudouin-Clerc, Préfète du Puy-de-Dôme : « Depuis le déconfinement, Unis-Cité continue à faire preuve d’une grande réactivité… »

 
Quel regard portez-vous sur l’action des jeunes en Service Civique, en temps normal et pendant le confinement ?
Depuis mon arrivée ici, en 2018, nous avons souvent sollicité les jeunes d’Unis-Cité* pour des actions diverses, notamment lors de l’expérimentation du Service National Universel, et des liens de confiance se sont développés avec l’association. Lorsque le confinement a été déclaré, avec l’équipe de la Cohésion sociale, c’était évident que nous pouvions compter sur eux. Notamment quand on a constaté assez vite que, malgré l’important travail des enseignants, la continuité pédagogique était menacée pour un certain nombre d’enfants et adolescents vivant dans les quartiers REP (Réseaux d’éducation prioritaires). Il y a eu aussi les alertes des structures de type Centres d’accueil des demandeurs d’asile, où les enfants scolarisés ne trouvaient aucune aide de leurs parents non francophones.
On a donc réuni du matériel (tablettes, etc.) pour permettre un soutien scolaire à distance, mais il fallait de l’humain pour l’animer. Nous avons aussitôt pensé aux jeunes d’Unis-Cité. Quelques temps plus tard, l’association CéCler, qui gère cette action m’a dit : « Travailler avec Unis-Cité, voir son adaptabilité et l’envie de faire des jeunes volontaires, ça nous a réconciliés avec le Service Civique, qu’on avait abandonné depuis quelque temps parce que trop bureaucratique ! »
Nous avons d’ailleurs eu plein de témoignages de jeunes, très heureux que leur Service Civique ne soit pas interrompu et d’avoir l’occasion de lui redonner du sens malgré le confinement. Il va falloir tirer les enseignements de cette expérience inédite, notamment en milieu scolaire, pour voir si on la maintient et comment.
 
Quel soutien peuvent-ils apporter désormais, pendant la période intermédiaire du déconfinement ?
Depuis le déconfinement, Unis-Cité continue à faire preuve d’une grande réactivité. Par exemple quand il a fallu, en quelques heures, imaginer comment on pourrait au mieux et au plus vite accompagner la mise en place de l’obligation du port du masque dans les transports. La société de transports se posait beaucoup de questions sur comment faire, quelle médiation mettre en place, et la mobilisation d’Unis-Cité a été perçue comme essentielle : en deux jours, une vingtaine de volontaires se sont mobilisés autour de cette mission.
Toute une série de besoins nouveaux apparaissent actuellement, mais les jeunes en Service Civique sont très préparés, dans la continuité du confinement, à faire de l’accompagnement et de la médiation (écoles, personnes âgées ou handicapées, etc.). Il y a aussi beaucoup de leçons à tirer, la situation sanitaire d’urgence ayant rendu possibles des choses nouvelles et remis en cause des habitudes.
 
Ces jeunes sont-ils suffisamment nombreux pour répondre aux besoins ?
A cause des retombées du confinement sur l’activité économique, la question de l’accès de l’ensemble des jeunes à l’autonomie et donc notamment au salariat ou à des stages risque de se poser dans les mois qui viennent de manière aigüe. Pôle Emploi indique que les offres d’emploi atteignent déjà un plus bas historique. Le Service Civique, avec toute sa dimension d’éducation et de formation pour ceux qui le font peut être un des outils importants pour sortir de cette impasse. D’autant que des besoins sociaux latents ont été révélés par la crise dans beaucoup de domaines, l’école, les violences familiales, les violences faites aux femmes, pour n’en citer que quelques uns.
* NDLR : Lors de la visite du Secrétaire d’Etat à la Jeunesse Gabriel Attal, à Orcines fin 2018, pour lancer la préfiguration du SNU en Puy de Dôme, les jeunes d’Unis-Cité avaient été appelés pour organiser un temps d'échange (débat mouvant), animé en binôme par Charlène Aubert, référente Service Civique à la DDCS du département, et le directeur de l’antenne d’Unis-Cité. D'autres projets avec la Préfecture ont suivi : en lien direct avec les services de l'Etat, comme la Semaine de l'Engagement, avec l'Université Auvergne, ou déclinaisons locales d'actions nationales (comme le programme KioSC et le programme Volont'R, très soutenus par Mme Baudouin-Clerc) ; les Tremplins 2019 ont également pu être organisés au sein de la Préfecture (souvenir mémorable pour l'équipe Unis-Cité et les jeunes).

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