La parole à…Sarah El Haïry, Ministre déléguée chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles

A l’occasion de la publication en janvier dernier de l’étude sur l’impact du Service Civique sur la participation démocratique, Unis-Cité donne la parole à 3 personnalités engagées en faveur du Service Civique : Sarah El Haïry, Ministre déléguée chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles ; Patrick Kanner, Sénateur et porteur d’une proposition de loi sur le Service Civique ; Dominique Estrosi-Sassonne, Sénatrice.
- Le Comité éditorial qui a conduit l’étude sur l’impact du Service Civique sur la participation démocratique recommande de « généraliser le Service Civique », c’est-à-dire de faire en sorte que tous les jeunes, dès 16 ans, soient obligatoirement informés de son existence, et que tous puissent y avoir accès entre 16 et 25, voire 30 ans. Qu’en pensez-vous ?

Le Service Civique représente une expérience formidable pour des dizaines de milliers de jeunes chaque année. Il est donc important de le faire connaître pour susciter l’envie chez de nombreux autres jeunes.

Le Service Civique permet de se consacrer à des missions d’intérêt générale pendant 6 à 12 mois. Il est ouvert à tous, sans autre prérequis que la motivation et l’envie de se rendre utile !

Les missions de Service Civique apparaissent extrêmement diverses. Un point commun de celles-ci est la fierté d’être utile aux autres. C’est pour beaucoup un accomplissement personnel de s’engager concrètement. S’engager pour aider chacun à vivre la vie qu’il a librement choisie, en allégeant au quotidien ses difficultés. S’engager dans un environnement différent de celui où on vit d’habitude, au contact personnes issues d’horizons variés, de toutes origines sociales et culturelles. S’engager pour faire société.

Je suis convaincue que les meilleurs ambassadeurs du Service Civique sont les volontaires eux-mêmes. Leur témoignage doit permettre à d’autres de se projeter.

Les jeunes doivent également savoir que le Service Civique est possible à différents moments : à partir de 16 ans évidemment, mais aussi dans le cadre d’une année de césure ou à l’issue de ses études.

 

- De même, l’étude met en évidence que l’impact du Service Civique sur le sentiment d’appartenance à la République est démultiplié pour les jeunes de quartiers populaires et les jeunes peu qualifiés. Le Comité éditorial recommande donc de mettre des moyens spécifiques pour promouvoir le Service Civique auprès de ces jeunes et leur rendre beaucoup plus accessible. Qu’en pensez-vous ? 

Je considère que le Service Civique est une chance et je veux que les jeunes les moins favorisés bénéficient des meilleures chances.

Les travaux avec les organismes d’accueil conduisent ainsi à fixer une priorité en faveur des jeunes les plus éloignés. En complément, je suis attachée à l’indemnité complémentaire de Service Civique : les étudiants boursiers des échelons 5 à 7 ou les bénéficiaires du RSA reçoivent une majoration de l’indemnité de 115 €. Nous avons aussi une stratégie d’ « aller-vers » les jeunes pour les informer et les accompagner au Service Civique. Par exemple, des préparations spécifiques à l’entrée en mission sont proposées, des tutorats aussi.

Une attention particulière est également portée au développement de l’accessibilité des missions à l’international qui ont traditionnellement attiré des volontaires très diplômés. 1 million d’euros est investi dans ce cadre autour d’une vingtaine de projets dédiés.

Les volontaires en Service Civique bénéficient aussi de la non prise en compte de l’indemnité dans le calcul des APL ou des bourses pour les étudiants et de la possibilité de cumuler l’indemnité avec l’allocation adulte handicapé.

Je souhaite saluer le travail effectué par l’Agence du Service Civique qui a permis de faire de 2023 une année record, notamment en ce qui concerne l’accueil de jeunes qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation. Ils ont représenté 17 % des volontaires contre 13 % en 2022.

Enfin, il faut garder à l’esprit que la part des jeunes en Service Civique venant des quartiers de la politique de la ville représente 12% soit plus que leur part dans la population française.

 

- Dans le cadre des réflexions sur l’avenir du service national universel, votre gouvernement est-il favorable à l’universalisation du Service Civique en France ?

Le service national universel (SNU) comprend un séjour de cohésion, des missions d’intérêt général et un engagement long. Une des modalités privilégiées de cet engagement long est le Service Civique. Le Service Civique fait donc partie intégrante du SNU.

Parmi les objectifs du SNU, figurent notamment le renforcement de la cohésion de la jeunesse et le développement d’une société de l’engagement. Le séjour de cohésion est directement au service de l’ambition d’une expérience collective. Le Service Civique représente ensuite le pilier de la société de l’engagement.

Le SNU permet de générer des vocations pour le Service Civique, conformément à l’esprit du dispositif. Lors des séjours de cohésion, sont présentées aux jeunes les différentes possibilités d’engagement qui s’offrent à eux : bénévolat associatif, don du sang, réserves militaires, engagement comme sapeur-pompier, Service Civique… L’enjeu est que chaque jeune trouve l’engagement qui lui correspond et qui lui permet de s’accomplir.

En effectuant leur séjour de cohésion, de nombreux volontaires vont découvrir ce qu’est le Service Civique, en quoi cette expérience peut marquer et quelle est la richesse des missions proposées.

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